Blaaz répond à Djifa Un Million : un débat profond sur le rap béninois, ses réalités et ses défis
Un débat animé secoue depuis quelques heures le rap béninois : l’influenceur Djifa Un Million a interpellé la légende Blaaz, l’accusant d’avoir « abandonné » le rap et d’avoir découragé certains artistes comme Fanicko ou Vano de poursuivre un rap pur.
Face aux critiques, Blaaz a répliqué avec une longue réponse structurée, posée et riche en éclairages sur les réalités du rap game au Bénin.
Retour sur les deux positions… et sur ce que cela révèle réellement du rap béninois en 2025.
L’accusation de Djifa Un Million : “Blaaz nous a trahis”
Pour Djifa Un Million, Blaaz reste incontestablement une légende du rap béninois, un artiste techniquement supérieur à la majorité de sa génération et même des artistes actuels.
Cependant, il estime que :
- Blaaz aurait abandonné son rôle de leader du rap puriste
Selon lui, Blaaz aurait privilégié le chant, orientant même des artistes comme Fanicko et Vano vers des styles plus commerciaux, au détriment du rap.
- Il n’aurait pas réussi à porter le rap béninois à l’international
Djifa regrette que malgré son talent, Blaaz ne soit pas devenu un représentant mondial du rap béninois.
- Le rap béninois manque d’ambition collective
Pour lui, les artistes doivent davantage se sacrifier pour éduquer le public et imposer le rap comme les rappeurs ivoiriens l’ont fait.
- Il appelle à une révolution et à l’unité
Il demande aux fans et artistes de soutenir une nouvelle génération plus déterminée, avec une meilleure compréhension du streaming, notamment Spotify.
La réponse de Blaaz : “Votre analyse est émotionnelle, pas rationnelle”
Face à ce long message, Blaaz a livré une réponse forte, détaillée et argumentée, qui repositionne le débat sur un terrain plus factuel.
Voici les points essentiels :
- Il ne s’est jamais éloigné du rap
Blaaz rappelle que ses plus grands titres mêlaient rap et chant, comme c’est devenu la norme dans le rap mondial.
Il cite des exemples précis :
- Aller-Retour
- Buddha Love
- Temps Mort
- Pas le choix
- Rien à prouver
- Rien Perdre
Ce mélange, selon lui, n’est pas une faiblesse, mais une évolution naturelle de l’art.
- Le public béninois n’écoute pas (ou peu) le rap pur
Il explique que les puristes représentent une minorité, et que les artistes doivent s’adapter à la demande du public pour survivre financièrement.
Citation clé :
“Qui refuserait de vivre décemment de son art ?”
- Le contexte béninois rend la carrière d’un rappeur plus difficile
Selon lui, seuls 4 ou 5 rappeurs béninois ont réussi à construire une maison grâce à leur carrière musicale.
Parmi eux : Kemtaan, Blaaz, Fanicko, Vano.
Il affirme que les faits parlent.
- Le public est lui-même contradictoire
Il reproche à une partie du public de critiquer les artistes lorsqu’ils réussissent financièrement, en leur disant :
“C’est grâce à nous que tu as ceci ou cela.”
- La nouvelle génération n’écoute pas la musique comme avant
Blaaz rappelle que l’ère du streaming a changé la consommation :
- On écoute vite
- On zappe vite
- On ne s’attache plus aux œuvres comme avant
Il résume :
“Vous ne pouvez pas exiger les mêmes sacrifices que ceux d’une époque sans streaming.”
- Le rap est en transformation, pas en déclin
Le rap chanté est la norme dans le monde depuis plus d’une décennie, et le Bénin n’échappe pas à cette réalité.
- Ce n’est pas par peur qu’il donne des conseils, mais par lucidité
Pour lui, conseiller un artiste à s’ouvrir à d’autres styles n’est pas une trahison mais une stratégie de survie.
Analyse : un débat nécessaire qui révèle les faiblesses du rap béninois
Ce clash verbal met en lumière plusieurs réalités profondes :
- Le rap béninois manque d’infrastructures solides
Peu de médias, peu d’investissements, peu de plateformes de soutien. - Le public n’est pas encore formé à soutenir le rap sur le long terme
Un problème que Djifa veut résoudre via la culture du streaming. - Les artistes peinent à vivre uniquement du rap
D’où l’orientation vers les mélodies, l’afro, ou le chant. - Blaaz reste un pilier respecté, mais aussi un symbole d’une époque qui change
Et les jeunes attendent plus de leadership de sa part.
Conclusion : un débat sain… et utile pour le futur
Le dialogue entre Djifa Un Million et Blaaz ne doit pas être vu comme un conflit, mais comme un moment de vérité qui met en avant :
- les attentes du public
- les frustrations d’une génération
- les réalités de l’industrie
- et la nécessité d’une meilleure structure
Si le rap béninois veut évoluer, il faudra :
- plus de constance
- plus de soutien réel du public
- plus d’investissement
- plus de professionnalisation
- et surtout, plus d’unité entre les générations
Le débat est lancé.
Et au final, il pourrait être bénéfique pour toute la culture urbaine béninoise.
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